jeudi 5 mai 2011

Proposition 1: Etre vieux et être acteur de sa propre vie


Proposition d'O. pour le pôle Senior (atelier associatif autour de l'âge et du vieillissement des personnes LGBT)

INTRODUCTION

Au niveau des maisons de retraites ou lieux de vie pour personnes âgées, tous les projets dont j’ai pu prendre connaissance par Internet (grâce à plusieurs vidéos par ex.) reposent sur :
l’autonomie de la personne. Une autonomie parfois à la carte, mais une autonomie tout de même.
Deux aspects en sont remarquables : 1/ la Maison de l’Amitié, à Albi, ou encore les formations délivrées par Yves Gineste reposent entre autres sur de l’humanitude ; 2/ la Maison des Babayagas est un projet autogéré, décloisonnant les barrières décisionnelles et de génération.

Plus généralement, c’est en œuvrant ensemble et directement à la gestion de leurs propres affaires que les générations peuvent se rapprocher et se comprendre. Car si elles sont ainsi ghettoïsées, c’est que notre société repose sur la loi de séparation (en terme de mode de prise de décision et de générations). Ce sont donc ces murs qu’il convient d’abattre.

Certaines des propositions ci-dessous sont donc déjà réalisées sur le terrain par des expériences remarquables. D’autres, il est vrai, sont parfaitement utopiques, mais peuvent néanmoins constituer des points de repaire utiles. Car l’Utopie n’est jamais qu’une question de regard, et qu’en visant au mieux, on peut libérer le meilleur de nous tous.

1/ Ouvrir les frontières décisionnelles (reconnaître le droit de chacun de prendre en main ses propres affaires) et remplacer les verbes ‘obéir’ et ‘commander’ par ‘décider en commun’.

Habituellement, une décision est le fait d’une élite qui, en conséquence, décide en vue de ses intérêts propres de ce qui ne la regarde pas et sur quoi elle n’a en réalité aucune compétence, ex. : les parlementaires.  Afin de promouvoir le droit de chacun de gérer ses propres affaires, je propose concrètement :

- Décision collective : Notre groupe ne peut être le seul à émettre des propositions ; proposer notre partenariat pour travailler sur ces questions avec : 1/ les associations LGBT ayant trait à l’âge (ex. Les Gays Retraités, Angel), 2/ à d’autres thématiques d’exclusion (VIH), etc. 3/ les lieux de vie alternatifs et formateurs militant pour de tels lieux alternatifs aux maisons de retraites ordinaires… (Liste ouverte).

- Souveraineté des personnes sur leur lieux de vie : les personnes âgées accueillies en lieux de vie (maisons de retraites alternatives) doivent être des acteurs à part entière des décisions qui concernent ces lieux. De même que le personnel qui y travaille. Ces lieux doivent donc être autogérés de façon à ce que les décisions incluent ceux qui désirent s’investir dans la gestion de leur lieu de travail ou de vie.

- Autonomie des lieux de vie (maisons de retraite alternatives) autogérés : Ces lieux de vie doivent être souverains quant à toutes décisions qui les concernent. L’Etat n’a aucun droit sur leur administration ni leur développement (sinon cela ferait double emploi avec le fait qu’elles sont déjà pourvues d’une représentation « citoyenne » comme on dit). Ces lieux de vie doivent décider notamment de leur propre financement ; dans l’idéal, ils ont par ex. le droit de battre la monnaie euro ou tout autres monnaie. Toute compétence de l’Etat s’arrête au seuil de ces établissements. Ces lieux de vie sont potentiellement un des types possibles d’espace libérés de l’occupation étatico-capitaliste.

- Souveraineté des associations dans leurs domaines : Plus généralement, les associations qui structurent leurs décisions sur la base du débat ouvert doivent être les organes de décision et de contrôle des choix de société aux niveaux qui les intéressent, non l’Etat non le patronat. En d’autres termes, sur les questions intergénérationnelles notamment, ce n’est pas le gouvernement ni le Capital qui sont légitimement décideurs, c’est nous ainsi que les autres associations qui travaillent sur ces questions. Je propose que nous revendiquions cette capacité de décider souverainement de nos propres affaires. A défaut, si nous remettons aux politiques une liste de revendications, nous leur dénions publiquement le droit de transformer ces revendications en affirmant que leur démarche n’est légitime que dans la stricte observance de ces revendications. Cela suppose de notre part de contrôler les élus sur l'action qu'ils prétendent mener en notre nom, c'est-à-dire qu'ils se soumettent dès lors qu'ils sont investis d'un mandat, à un certain nombre d'obligations, et que ce mandat est annulé automatiquement en cas de non respect de ladite charte.

- Un contrôle indépendant des maisons de retraite : Autre exemple de gestion directe, tout contrôle portant sur les maisons de retraites doit être fait par des travailleurs indépendants souverains quant à leur propre financement (fonds publics en attendant) et agréés par les associations en charge de ces questions dont par ex. la nôtre, ainsi que les lieux de vie (maisons de retraites alternatives) fonctionnant sur le mode de l’autogestion.

- Pour le travail dans ces lieux de vie (maisons de retraite alternatives), une formation indépendante, validée par associations ; cette formation doit être autonome notamment grâce à un mécanisme autonome de financement et quant au contenu et à la reconnaissance des diplômes. (L’Etat n’est plus un media nécessaire.)

- Les personnes malades d’Alzheimer sont automatiquement placées sous la tutelle de leur famille. La tutelle est semblable à une dictature : l’on décide à votre place de l’essentiel. Les tutelles sont dans ce contexte insuffisamment contrôlées. C’est tout ce mécanisme qu’il faut revoir entièrement, en associant le plus possible la personne en dépendance sur les choix de sa propre vie.


2/ Ouvrir les frontières intergénérationnelles et sociales

Les maisons de retraites, comme les crèches, les écoles, les lieux de travail ou les maisons pour tous, etc., font partie d’une même dimension qui est l’accueil du public. Plutôt que de ghettoïser et d’opposer, il convient dans une certaine mesure de mettre ces lieux en voisinage les uns des autres par le biais d’espaces communs et d’activités communes.

- Pour cela, chaque lieu doit être assez libre et polyvalent pour que l’on puisse dans une certaine mesure circuler et s’entraider, ainsi par exemple, pour les enfants, ils seront libres de suivre les cours qui les intéressent et aussi de sortir de l’école pour se rendre dans ces espaces communs ou participer aux ateliers concernant d’autres publics. A contrario, les personnes âgées peuvent par exemple s'investir pour des ateliers proposés aux enfants. Etc.

- Ces lieux de vie doivent aussi pouvoir accueillir s’ils le souhaitent et comme ils le souhaitent les personnes sans restriction ni condition administrative, ex. les sans papiers ou sans-domiciles, etc.


3/ Combattre la gérontophobie

Un vieux n’est généralement plus écouté. On lui adresse fort peu la parole. Dans le meilleur des cas, la sollicitude dont il fait l’objet le pousse à renoncer à agir de lui-même. Ainsi, au lieu d’accompagner son autonomie, on la lui prend d’une façon ou d’une autre. Le vieux devient alors une charge…

C’est en changeant le regard de la société à l’égard du vieillissement que l’on mettra fin à certaines discriminations. Ce regard comprend le fait que les personnes âgées demeurent, contrairement à l’opinion la plus répandue :
- des individus autonomes, responsables, acteurs de notre société
- des partenaires sexuels
Ce sont en outre les porteurs de notre véritable mémoire, la mémoire populaire.


4/ Le droit à une vie privée et sexuelle libre

Lorsque se forme un couple entre une personne âgée et un jeune homme ou une jeune femme, le regard social demeure encore gérontophobe. Les couples qui se forment sur le tard sont le plus fréquemment brisés par la volonté des familles ou des maisons de retraite, ce qui équivaut à un assassinat.

En maison de retraite, généralement, les portes ne ferment pas. L’usage le plus répandu est d’entrer dans les chambres sans frapper ou sans attendre de réponse.

Toute la société doit évoluer sur ces questions afin de permettre que les personnes âgées même dépendantes bénéficient de toutes les conditions du droit à une vie privée et du droit d’avoir des partenaires sexuels et de décider de leurs propres affaires.


5/ Autre proposition

Ce blog est un blog personnel. La proposition vise à créer un autre blog, appartenant cette fois à l'Atelier autour de l'âge et du vieillissement des personnes LGBT (surnommé Pôle Senior), qui soit un espace de réflexion, de propositions, de documentation.


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